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Pour accéder à ChatGPT depuis la Chine, il est nécessaire d’utiliser un logiciel de contournement (VPN) et de posséder un numéro de téléphone étranger, car le service n’est pas accessible directement dans le pays. - Photography OLIVIER DOULIERY / AFP© 

En Chine, le géant de la technologie Baidu a lancé son propre robot conversationnel, Ernie Bot, alimenté à l’intelligence artificielle. Cette initiative est une réponse à la censure et à la concurrence qui s’intensifie davantage avec les Etats-Unis. 

Ernie Bot débarque sur le marché des robots conversationnels 

Baidu, le géant chinois de l’internet, a présenté sa nouvelle innovation Ernie Bot à Pékin en mars 2023. Cette plateforme de conversation robotique a été développée en réponse à son homologue américain ChatGPT, qui suscite l’engouement en Chine malgré le blocage imposé. Depuis son lancement en novembre 2022, le robot conversationnel est capable de fournir des réponses précises et détaillées sur un large éventail de sujets, d’écrire des essais ou de créer des contenus audiovisuels en un temps record. 

Cependant, cet outil d’intelligence artificielle américain est inacessible en Chine sans l’utilisation d’un VPN et d’un numéro de téléphone étranger. Malgré cela, la popularité de cette technologie est en constante augmentation et suscite des discussions sur les réseaux sociaux ainsi que des articles dans les médias. Ernie Bot sera une alternative à la plateforme d’OpenAI aux utilisateurs chinois.  

Baidu est l’une des premières entreprises chinoises à investir dans l’IA conversationnelle  

Le célèbre moteur de recherche chinois, Baidu, a été l’un des premiers géants de la technologie chinois à annoncer son intention de développer une alternative à ChatGPT. La société a présenté Ernie Bot, sa plateforme de conversation robotique, lors d’une conférence de presse à Pékin. Cependant, la démonstration s’est limitée à des séquences pré-enregistrées et à la résolution d’une équation d’algèbre simple, sans aucune interaction en direct avec le robot conversationnel. 

Cette absence d’interaction en direct est compréhensible dans le contexte politique de la Chine, où les entreprises du numérique sont constamment sous pression pour filtrer tout contenu considéré comme sensible ou politiquement incorrect. Cette précaution est donc nécessaire pour éviter toute accusation de mauvaise gestion des informations. 

Des testeurs ont félicité les capacités de l’agent conversationnel 

Malgré les limitations d’Ernie Bot, certains testeurs, dont des analystes de la banque Citigroup, ont salué les capacités de la plateforme, ce qui a entraîné une hausse de l’action Baidu après une chute initiale de près de 10% à la suite de l’annonce. Néanmoins, la société n’a pas encore annoncé de date de lancement grand public pour Ernie Bot, qui fonctionne en mandarin et vise exclusivement le marché chinois. En résumé, Baidu a pris les devants pour proposer une alternative à ChatGPT, mais le processus de développement de la plateforme reste en cours et son lancement public est encore incertain.  

La Chine est à fond dans la rivalité technologique  

Le lancement d’Ernie Bot est une étape importante pour la Chine dans sa quête de leadership mondial en matière d’intelligence artificielle. En plus de comprendre le mandarin et certains dialectes chinois, le PDG de Baidu a admis que la plateforme n’est pas aussi performante en anglais. Cela peut être un obstacle pour la société chinoise, car l’anglais est la langue prédominante pour les grands robots conversationnels américains tels que ChatGPT. 

Un autre défi majeur pour les entreprises chinoises est l’accès aux technologies américaines, telles que les puces nécessaires pour faire fonctionner les algorithmes des robots conversationnels. Cependant, Washington a multiplié les restrictions sur les exportations de ces puces au nom de la sécurité nationale, ce qui a compliqué les choses pour les entreprises chinoises. 

Devenir le leader mondial de l’intelligence artificielle 

La Chine est résolue à devenir le leader mondial de l’intelligence artificielle d’ici 2030. Les experts estiment que cette technologie révolutionnera de nombreux secteurs, tels que l’industrie automobile et la médecine. Toutefois, l’Empire Céleste doit affronter de nombreux problèmes pour pouvoir développer une telle technologie. Selon Lauren Hurcombe, spécialiste des technologies pour le cabinet d’avocats DLA Piper, la situation risque de s’aggraver avec les restrictions croissantes imposées par Washington au nom de la sécurité nationale. Elle se demande si la Chine pourra trouver des alternatives aussi performantes à ces puces.

Cependant, Steven Miller, professeur émérite en systèmes d’information à l’Université de gestion de Singapour (SMU), rappelle qu’avant Ernie Bot, le pays a déjà construit des supercalculateurs à la pointe en 2016 en utilisant ses propres puces, et qu’elle a probablement encore plus de capacités pour concevoir des technologies haut de gamme aujourd’hui. 

La censure : un des freins technologiques non négligeables  

D’après Lauren H., la réglementation et la censure du contenu en Chine représentent des obstacles importants pour les entreprises locales dans le domaine de l’intelligence artificielle. Cette réglementation stricte entrave la collecte de données, une étape essentielle pour entraîner les systèmes d’IA et les rendre plus performants. De plus, la censure de certains types de contenu peut également avoir un impact sur la qualité des données utilisées par les entreprises chinoises.

En conséquence, ces dernières disposent de « beaucoup moins de données » que leurs concurrents occidentaux, ce qui pourrait constituer un frein à leur ambition de s’imposer à la tête d’affiche mondials en matière d’IA vers 2030. Cependant, pour la conception d’Ernie Bot, l’entreprise à l’origine de cette technologie dispose de sa propre unité de puces et tente de surmonter la pente pour rester compétitif dans le secteur en pleine croissance de l’IA. 

Les pays occidentaux comme les Etats-Unis ont déjà pris une longueur d’avance 

Outre Baidu avec Ernie Bot, les géants de la tech tels que Tencent, Alibaba et JD.com travaillent sur des robots conversationnels pour rivaliser avec leurs concurrents occidentaux. Cependant, selon les dernières données disponibles de l’Université de Stanford, les États-Unis ont deux fois plus de start-up et trois fois plus d’investissements privés dans le domaine de l’intelligence artificielle que la Chine. Cette différence de ressources pourrait mettre l’empire du Milieu en difficulté dans cette concurrence qui se renforce de plus en plus.

Malgré cela, en 2019, l’Académie chinoise de l’intelligence artificielle avait lancé Wu Dao, le plus grand modèle de langage d’intelligence artificielle au monde, doté de 1 750 milliards de paramètres. Cependant, il n’a pas réussi à percer et la Chine doit trouver des alternatives pour devenir leader mondial de l’intelligence artificielle d’ici 2030. 

Avec ETX / DailyUp 

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