L’essor de l’intelligence artificielle dans le monde du travail suscite des inquiétudes quant à l’avenir des travailleurs. L’automatisation des tâches de plus en plus croissante alimente le phénomène d’IA-anxiété concernant la possible obsolescence des emplois, incitant certains à adopter une attitude « anti-IA ».
Étude Glassdoor : le monde du travail face aux nouveaux défis technologiques
Une enquête menée par le site de recherche d’emploi Glassdoor auprès de près de 10 000 travailleurs américains a révélé une tendance claire dans le monde du travail concernant l’utilisation des logiciels d’intelligence artificielle (IA). L’étude a demandé aux participants s’ils souhaitaient que leurs entreprises encadrent ou interdisent l’utilisation de tels logiciels. Surprenamment, une écrasante majorité de 80 % des salariés a exprimé leur désir de ne pas voir de telles mesures mises en place.
Bien que des divergences d’opinions aient été observées en fonction de l’âge et du secteur d’activité, cette préférence généralisée pour l’autonomie dans l’utilisation de l’intelligence artificielle souligne l’importance accordée à la liberté dans le monde du travail. Cette tendance pourrait influencer la façon dont les employeurs envisagent l’implémentation de cette technologie dans leurs opérations et soulève des questions quant à l’équilibre entre les avantages de l’automation et les préoccupations de leurs salariés.
L’intelligence artificielle divise les salariés : les différences d’opinions se font sentir selon l’âge
Selon l’étude, il existe des divergences d’opinions marquées parmi les travailleurs en ce qui concerne l’intelligence artificielle (IA) dans le monde du travail. Les résultats montrent que 28 % des salariés âgés de plus de 45 ans souhaiteraient que les entreprises adoptent une approche plus conservatrice envers l’IA, allant jusqu’à interdire son utilisation. En revanche, seulement 17 % des travailleurs âgés de 21 à 25 ans partagent cette opinion. Ces chiffres mettent en évidence un clivage générationnel dans la perception de l’IA au sein de la main-d’œuvre. Il semble que les jeunes salariés soient plus ouverts à l’adoption de cette technologie dans le monde du travail, tandis que les plus âgés expriment des préoccupations quant à son utilisation.
Les résultats montrent que les salariés travaillant dans les domaines de la publicité et du marketing (87 %), du conseil (84 %) et de la santé (83 %) s’opposent fermement à l’interdiction des programmes d’intelligence artificielle tels que ChatGPT dans le monde du travail. Cependant, dans un scénario contrasté, près d’un tiers des avocats interrogés souhaitent effectivement que de telles interdictions soient mises en place. Ces divergences reflètent les préoccupations spécifiques de chaque secteur quant aux implications et aux conséquences de l’IA sur leurs activités professionnelles, mettant en évidence l’anxiété variable autour de cette technologie émergente.
L’automatisation des tâches dans le secteur juridique : quel impact sur les professionnels du droit ?
Cette statistique témoigne des profondes transformations que le secteur juridique connaît depuis l’émergence des technologies liées au « big data ». En effet, de nombreuses démarches juridiques et administratives sont désormais automatisées, telles que la rédaction personnalisée d’actes basiques ou la recherche de décisions de justice.
Cependant, cette automatisation des tâches ne rend pas les professionnels du droit obsolètes. Cela a été souligné par l’avocat américain Steven Schwartz, qui a récemment utilisé ChatGPT pour rédiger un mémoire juridique dans une affaire impliquant un particulier et une compagnie aérienne.
Selon une enquête du New York Times, le document contenait des références à des arrêts de jurisprudence fictifs. Cette anecdote met en évidence les limites de l’automatisation totale dans le monde du travail. Cela souligne aussi l’importance d’une expertise juridique humaine pour garantir l’exactitude et la pertinence des informations utilisées dans le domaine juridique.
L’automation ne remplace pas, mais redirige : les travailleurs au cœur du changement
Cet incident comique met en évidence le fait que l’automatisation des tâches dans le monde du travail ne remplace pas la valeur ajoutée des travailleurs. Cependant, cela la déplace vers d’autres activités plus complexes où les machines ne peuvent exceller. Selon les estimations du cabinet de conseil McKinsey, l’intelligence artificielle pourrait automatiser entre 2030 et 2060 la moitié des travaux actuellement accomplis par les humains.
Cette automation promet des gains considérables en termes de productivité et de PIB, comme en témoignent de nombreux rapports sur le sujet. Cependant, il est important de souligner que l’informatisation n’implique pas toujours la suppression des emplois. Il s’agit plutôt d’un changement dans les types de missions effectuées par les salariés, mettant en valeur leur capacité à se concentrer sur des activités nécessitant des compétences humaines uniques et une expertise spécialisée.
IA-anxiété : un défi psychologique pour les employés
Malgré les perspectives prometteuses, l’introduction croissante des logiciels d’intelligence artificielle dans le monde du travail suscite chez certains un nouveau sentiment d’anxiété connu sous le nom d’« IA-anxiété ». Ce phénomène rappelle le « technostress », popularisé par le psychologue clinicien Craig Brod au début des années 1980. Néanmoins, il se distingue par une dimension plus métaphysique en raison des nombreux discours prédisant la substitution de l’homme par la machine.
Cette appréhension contribue au malaise ressenti par les travailleurs dans un milieu professionnel en constante évolution. L’impact psychologique de cette transformation technologique soulève des questions sur la confiance en soi, la sécurité de l’emploi et l’adaptation nécessaire pour prospérer dans ce nouvel environnement. Les entreprises doivent prendre en compte ces inquiétudes légitimes et offrir un soutien adéquat pour atténuer les effets de l’IA-anxiété sur le bien-être des employés.
Avec ETX / DailyUp