Andy Chatterley, PDG de MUSO, société britannique spécialisée dans la mesure du piratage, déplore la propagation des sites pirates malgré les efforts de l’industrie du divertissement. L’accès à des contenus illicites n’a jamais été aussi facile, avec l’essor du téléchargement et du streaming illégal.
Boom des sites pirates dont le nombre de visites a atteint un nombre colossal en 2022
Selon les données dévoilées par MUSO, leader incontesté dans l’analyse du piratage, l’année 2022 a été marquée par une explosion du nombre de visites sur des sites pirates. Les chiffres atteignent un nombre astronomique de 215 milliards. Une comparaison avec l’année précédente révèle une augmentation alarmante de 18 % du phénomène, touchant une sélection étourdissante de 480 000 films et séries télévisées.
Malheureusement, les mesures restrictives mises en place par les autorités ne semblent pas dissuader les adeptes des sites pirates, d’autant plus que ces plateformes restent étonnamment accessibles. En effet, une simple recherche sur Google permet en quelques minutes de trouver une liste de plateformes illégales, notamment de streaming illégal, donnant un accès instantané aux derniers épisodes des séries à succès telles que « Succession » ou « White Lotus », sans nécessiter d’inscription ou de paiement. Cette situation souligne l’ampleur préoccupante du piratage en ligne et la nécessité de renforcer les efforts pour protéger l’industrie du divertissement contre cette menace persistante des sites pirates.
Gratuité et accessibilité : les consommateurs justifient leur choix du streaming illégal
Sur la plateforme de discussions, Reddit, un forum florissant rassemblant près de 1,2 million de membres, met en évidence une liste exhaustive de sites pirates dédiés au streaming illégal et au téléchargement. Au sein de cette communauté, les utilisateurs n’hésitent pas à énumérer toutes sortes de justifications pour leur recours à ces plateformes illicites. Parmi celles-ci, un motif revient de manière récurrente : la prolifération sans précédent des plateformes légales telles que Netflix, Amazon, Disney+ et HBO, dont les abonnements sont devenus de plus en plus coûteux.
Jaydra, l’un des membres actifs de la communauté, affirme avoir souscrit à une deux plateformes, mais il réalise qu’il en existe désormais une cinquantaine. Il souligne le fait que tout ce qui est proposé dans le monde coûte de plus en plus cher pratiquement chaque jour. « Alors, j’ai fait le choix de revenir au piratage », conclut-il. Ces témoignages mettent en lumière la frustration croissante des consommateurs face à la multiplication des options de divertissement payantes, alimentant ainsi la demande en contenu illégal, malgré les risques juridiques associés.
Les utilisateurs dénoncent les amendes et les blocages inefficaces pour le téléchargement
Certains utilisateurs ne mâchent pas leurs mots : « Je n’ai pas d’excuse. J’ai les moyens de tout payer si je le souhaite, mais plutôt que de donner mon argent à un PDG d’une entreprise médiatique qui gagne mille fois plus que moi, je préfère épargner pour ma retraite », déclare sans détours ScarecrowJohnny, un membre actif de Reddit. Face à ce phénomène, l’industrie du divertissement refuse de baisser les bras. Elle reconnaît toutefois que les amendes massives collées aux internautes pour le téléchargement de quelques films piratés n’ont pas été fructueuses. Cela a même produit l’effet inverse, les stigmatisant comme des entreprises tyranniques. De plus, les décisions de justice visant à bloquer des sites pirates se sont souvent révélées être une perte de temps.
Les témoignages sans filtre mettent l’industrie du divertissement sous pression
Aujourd’hui, l’industrie du divertissement concentre ses efforts sur les gros acteurs du piratage en ligne. Elle cible spécifiquement ceux qui se font fortune avec les sites pirates, d’après Stan McCoy de la Motion Picture Association, l’organisation qui représente les intérêts des studios hollywoodiens. Dans cette optique, l’association a lancé l’Alliance pour la créativité et le divertissement (ACE) en 2017, afin de coordonner les actions de lutte contre le piratage à l’échelle mondiale.
Depuis le début de l’année 2023, l’ACE a obtenu des succès significatifs dans sa traque des sites pirates. Des fermetures ont été réalisées en Espagne, au Brésil, en Allemagne, au Vietnam, en Égypte et en Tunisie, des plateformes ayant chacune attiré des millions d’utilisateurs mensuels. Cette offensive contre les sites pirates témoigne de la détermination de l’industrie du divertissement à protéger ses droits d’auteur et à poursuivre les individus et les organisations qui tirent profit de la distribution illégale de contenu.
Surveiller le piratage pour orienter les stratégies du secteur légal
Alors que l’éradication complète du piratage semble irréaliste, l’enjeu majeur réside peut-être dans la prévention de sa banalisation. Selon M. McCoy, « nous avons accompli de nombreux progrès pour rendre la pratique moins accessible ». Bien que certaines personnes soient déterminées à enfreindre la loi, il est essentiel que cela demeure un phénomène marginal plutôt que généralisé.
Paradoxalement, les plateformes légales peuvent tirer parti de la surveillance des sites pirates en utilisant, par exemple, les données fournies par MUSO pour évaluer le succès des films et des séries télévisées. M. Chatterley, PDG de MUSO admet avoir des clients qui effectuent une veille sur ce qui attire les utilisateurs sur les sites pirates et qui les consomment sur sa propre plateforme.
En adoptant cette approche, l’industrie du divertissement peut utiliser intelligemment les informations sur le piratage en ligne pour mieux comprendre les préférences des consommateurs et orienter ses stratégies de distribution, tout en dissuadant activement la propagation d’une telle pratique à grande échelle.
Avec ETX / DailyUp